La majorité des concepteurs de solutions de cybersécurité sont américains, israéliens ou chinois. Les entreprises européennes doivent nouer des alliances pour faire émerger des géants. Il en va de notre propre souveraineté.
Un billet de Pierre Calais, Président-Directeur Général Stormshield, paru en exclusivité sur Les Echos.
La cybersécurité comme axe stratégique
La cybersécurité est indiscutablement un marché stratégique qui va continuer de se développer de manière exponentielle. En effet, fort de la numérisation croissante de l’ensemble des activités économiques et politiques, le numérique occupe désormais une place de premier plan dans notre quotidien. Dans ce contexte, les systèmes d’information sont de plus en plus exposés aux cyberattaques et leur protection devient une priorité absolue.
Au regard de ces éléments, il est fondamental de pouvoir s’appuyer sur des dispositifs industriels permettant de protéger efficacement les grands systèmes stratégiques. Oui, mais voilà, avec quelle technologie ? Bien sûr, il existe de nombreuses solutions sur le marché, mais à y regarder de près, peu d’entre elles sont de conception européenne…
Force est de constater que la majorité des concepteurs de solutions de cybersécurité sont américains ou israéliens. On peut également évoquer la poussée de la Chine sur le marché, notamment dans le cadre de différents programmes de « coopération et de soutien » lancés par quelques géants de l’industrie.
Nous pouvons donc légitimement nous poser la question de la souveraineté des entreprises et États européens au regard de cette omniprésence. N’oublions pas que la cybersécurité est un axe stratégique d’avenir et qu’il est indispensable de pouvoir garder une réelle souveraineté en la matière.
Agir sur deux leviers
Mais tout n’est pas perdu. Au contraire. Un point-clé tient en notre capacité à concevoir des solutions avant-gardistes et industrielles reconnues dans le monde entier pour leur performance. Il est désormais nécessaire d’aider les professionnels européens de la cybersécurité à accélérer la commercialisation de leurs innovations.
En effet, les leviers marketing et commerciaux sont les deux axes qui permettraient aux acteurs de la filière de lutter à armes égales avec leurs homologues américains par exemple. La cybersécurité ne doit pas uniquement être managée d’un point de vue purement étatique, mais aussi d’un point de vue économique. Ce point essentiel est une nécessité absolue qui permettra d’équilibrer les forces en présence.
Cybersécurité : l'heure est au rassemblement
Nous pouvons aussi évoquer l’importance de faire naître des champions européens via des alliances stratégiques conclues entre les acteurs du secteur : éditeurs, industriels, etc. La filière de la cybersécurité implique de maîtriser de bout en bout des processus complexes où la réunion des savoir-faire technologique et métier est centrale. Nous pouvons par exemple évoquer le cas de l’industrie.
En ce sens, la protection des infrastructures industrielles passe par une mise en commun d’expertises complexes qui ne peuvent émerger que de partenariats passés entre des industriels, des éditeurs, des intégrateurs, etc. L’heure est donc plus que jamais au rassemblement qui fera émerger des alliances bénéficiant d’une taille critique et d’expertises reconnues.
Ces premiers éléments qui pourraient être complétés par d’autres sont des axes stratégiques qui doivent nous amener à protéger notre souveraineté. Faute de réaction, les États et les entreprises européennes ne seront alors plus maîtres de leurs destins sur un sujet ô combien primordial.
L’heure est donc plus que jamais au rassemblement qui fera émerger des alliances bénéficiant d’une taille critique et d’expertises reconnues.
Pierre Calais, Président-Directeur Général Stormshield